L’extrême droite française ne s'est jamais aussi bien portée. Merci pour elle. Merci aussi aux allumeurs de flamme, inconscient(e)s, qui pour porter leur croisade contre le mariage pour tous dans un porte-voix suffisamment visible, n’ont pas eu peur de s’acoquiner avec des fachos. Ni plus, ni moins.
Depuis quelques jours, les membres du gouvernement ou encore les élus qui ont décidé d’apporter leur voix à l’égalité se retrouvent ainsi soit empêchés de tenir des réunions publiques, comme pour Erwann Binet, Najat Vallaud-Belkacem ou encore le courageux Jean-Pierre Michel, vice-président de la Commission des lois du Sénat qui a refusé à Frigide Barjot une audition en expliquant qu’il n’y avait pas pire homophobie que celle qui ne s’assumait pas (le jour où le Sénat voudra organisé un after techno en dress code pinky, sa légitimité à être consultée pourrait être revue à la hausse).
Chantal Jouanno (UDI) et François de Rugy (EELV) ont eux eu le "plaisir" de se voir réveiller par un comité d’accueil musclé, la première ayant découvert que son adresse et le nom de ses enfants avaient été au préalable jetés en pâture en guise de flyer.
Et sans oublier Christophe-André Frassa (UMP), menacé de mort pour avoir voter pour le projet en Commission des lois, et qui étonnamment s'est abstenu lors du vote solennel, après avoir fait l'aveu de l'épée de Damoclès qui pesait sur ses épaules.
Déferlement de haine et de violence
Toutes ces opérations d’intimidation et, disons-le tout net, de harcèlement sont savamment orchestrées par une de ces nébuleuses dont l’extrême droite a le secret, qui permet de réunir, souvent sous le masque de la lâcheté, des enragés aux idéologies fascisantes et qui se sont baptisés le Printemps français, dans une reprise pour le moins ubuesque des "printemps arabes", sachant que l’extrême droite française n’est pas particulièrement connue pour sa fascination enamourée envers les peuples de libération arabes, jetant davantage leur dévolu sur les dictateurs capables selon eux d’endiguer l’islamisme.
Mais il faut toujours et encore aller plus loin dans l’horreur. Bousculer et intimider les élus du peuple ne suffisent plus. Il faut à présent attaquer ad hominem. C’est en substance ce qui est arrivée à Caroline Fourest, invitée par le "Nouvel Observateur" samedi à Nantes pour parler… d’islam. A priori sans aucun rapport avec le mariage pour tous.
Qu’à cela ne tienne : il y a ceux que l’on empêche de parler du mariage pour tous, et ceux que l’on empêche tout court parce qu’ils y sont favorables. Avec un déferlement de haine et de violence.
"Cours, Fourest, cours"
Il faut dire que pour les fachos, Caroline Fourest est une cumularde : son combat contre le Front National pèse finalement peu, très peu dans la balance eu égard à son combat pour le féminisme, les LGBT et surtout contre l’extrême droite pure et dure qui est un de ces sujets de prédilection.
En juin 2011, à la sortie de "Marine Le Pen", elle s’était penchée notamment sur le cas d’Alexandre Gabriac, plus jeune élu du conseil régional de Rhône-Alpes et viré en grande pompe par le FN quand furent dévoilées des photographies le montrant auprès de l’Œuvre française, une autre institution "très respectable", faire le salut nazi, sans qu’apparemment il ne se soit senti obligé.
Il est amusant avec le recul de voir qu’il continue à prétendre que l’un de ses clichés était un montage quand on le voit se délecter samedi soir de paraître pour l’un des visages de la haine, comme sur son compte Facebook.
Très actif contre le mariage pour tous, et vu dans les avants des cortèges à Paris, notamment le 24 mars lors de l’affrontement avec les forces de l’ordre, Gabriac a donc décidé le 12 avril de répondre à Caroline Fourest d’un hymne devenu un running gag à l’extrême droite, quand celle-ci s’étonnait que "le Figaro" reprenne "sans se pincer le nez" des communiqués d’Alexandre Gabriac : "Cours, Fourest, cours" :
NOUVEL OBS' en ligne dimanche 14.03.2013